Grotte Aven Forestière : là-dessous, j’ai respiré plus fort que là-haut

Exploration de la Grotte Aven Forestière - Ardèche

Tu sais ce que c’est, parfois, quand tu penses que t’as tout vu ?
Que toutes les grottes se ressemblent ?
Qu’il y a toujours un guide devant toi, un groupe derrière toi, et des projecteurs qui te montrent ce que t’as même plus besoin de chercher ?

Ben oublie tout ça.
Oublie les spots LED.
Oublie les visites minutées.
Oublie la voix automatique qui dit “À votre gauche, une stalactite en forme de girafe”.
Parce qu’à la Grotte Aven Forestière, c’est toi, la roche, et la lumière que tu portes sur le front.

J’y suis allé. Pas pour faire un article. Pas pour cocher une grotte de plus dans mon carnet.
Juste pour voir. Par curiosité. J’en suis ressorti un peu changé.

L'ombre d'une frontale dans la grotte aven Forestière

Une entrée comme un seuil

Je suis arrivé sans trop savoir. Un parking tranquille. Des arbres.
Et là, Virginie et Nicolas, un couple qui a l’air de tenir la grotte comme on tient un secret. Pas des commerciaux. Des gardiens.

Ils te donnent la frontale. Quelques conseils. Un sourire. Et ils te laissent partir.

C’est rare, ça. Qu’on te fasse assez confiance pour te laisser entrer seul dans les entrailles de la Terre.

Dedans… le silence, l’espace, et moi

Dès les premiers mètres, j’ai su.
Pas de lumière installée. Pas de voix. Pas de musique d’ambiance.
Seulement ma frontale, mes pas, mon souffle, et la pierre.

Et la pierre… elle parle.

Elle ne crie pas. Elle ne t’en met pas plein la vue d’un coup. Elle te laisse l’approcher, lentement. T’as des marches, des rampes, des bancs, des panneaux discrets. T’es en sécurité, mais tu restes acteur de ta visite.

Je me suis assis. Longtemps.
À écouter les gouttes. À chercher des visages dans les concrétions. À sentir ce moment rare où on est bien, profondément bien, sous terre.

Ramasser une concrétion, même minuscule, c’est interdit.

Pas pour embêter. Pour préserver.
On regarde. On ressent.
Mais on touche pas.
Parce que ce qui est là, c’est fragile. Et c’est pas à nous.
C’est à la grotte. À ceux qui viendront après.
Alors on contemple. Avec les yeux. On vibre. Avec le corps.

Nicolas, l’autre explorateur

Y a un passage où j’ai vu un petit panneau. Avec la tête de Nicolas.
Il t’explique que lui, il passe par là. Que là-dessous, y a un niveau caché. Réservé aux spéléos. Pas aux touristes. Pas à moi.
Et tu sais quoi ?
J’ai pas été frustré.
Parce que ça existe. Parce qu’il y a encore des endroits où on ne peut pas aller.
Et ça, ça fait du bien.

Dehors, ça vie aussi

Quand je suis remonté, Alex avait discuté pierres avec Virginie. Les enfants jouaient dans l’aire de jeux.
Des gens rigolaient autour du mini-golf.
Et moi, j’étais encore là-dessous, un peu.

J’ai bu un verre. J’ai acheté un petit bijou.
Et je suis reparti sans bruit.

Grotte Aven Forestière - Ardèche
Passage secret - Grotte Aven Forestière - Ardèche
Alain prend une photo de la Grotte Aven Forestière - Ardèche
Guide des Grottes en Ardèche

Pourquoi j’en parle

Parce que ce lieu-là, c’est pas une attraction. C’est pas une vitrine.
C’est une grotte qui respire.
Un lieu libre, sincère, fort.
Comme on n’en fait plus. Comme on n’ose plus en faire.

Si t’as envie d’un endroit où on te parle pas à ta place, où tu vie un moment, où tu redescends en toi-même, va là-bas.

À la Grotte Aven Forestière, en Ardèche.

Et si t’es comme moi, tu te diras peut-être :
« Là-dessous, j’ai respiré plus fort que là-haut. »

— Alain TERIEUR
Explorateur du silence